Nous effectuons 8 jours de navigation entre Colombo pour une distance de 3450 miles nautiques (Un peu plus de 6300 kms).
Après avoir longé la côte sud ouest de l’Inde (photo ci-dessous), on traverse l’océan indien, une partie de la mer d’Arabie, pour arriver à l’entrée du Golfe d’aden.


Pendant ces quelques jours de mer, nous occupons notre temps entre promenades sur le pont, chaise longue et lecture, ainsi que participations aux différentes activités du bateau, bref une routine agréable, agrémentée parfois de belles surprises, comme la rencontre avec des bandes de dauphins qui nous escortent quelques temps.

Et toujours de magnifiques couchers de soleil lors de la promenade du soir.
Lorsque nous arrivons à proximité du golfe d’Aden, au large de la frontière avec le Yémen, nous recevons l’information suivante avec quelques consignes à respecter pour 3 jours.

Notre périmètre de circulation est très limité, mais le plus impressionnant, c’est la nuit où tout est calfeutré afin de ne laisser passer aucune lumière vers l’extérieur.
Pendant 3 jours, 24 heures sur 24 les équipes de sécurité surveillent tous les bords du navire, gilets pare balles à portée de main, lances à incendies déployées de tous côtés.
Nous avons pu profiter le soir , à partir d’un pont sécurisé, d’un ciel étoilé comme on en voit rarement.
Dommage que les appareils photos ne peuvent pas rendre correctement ce spectacle.

Un membre de l’équipe de sécurité en surveillance.
Le vendredi de Pâques nous vivons deux moments chargés d’émotion.
Tout d’abord la vie sur le bateau s’est immobilisée à 14h précise en mémoire des décès liés au covid et en soutien de l’ensemble des soignants. (Photo ci dessous)

Puis nous avons eu une très belle célébration du vendredi saint, avec la lecture de la passion en toutes les langues réalisée par des officiers, (il n’était pas possible d’accueillir des prêtres à bord).
Avant les lectures une chorale de passagers avait préparé des chants de Godspel, et à la fin de la cérémonie, le petit orchestre du bateau ainsi que les chanteurs, ont interprété un émouvant Requiem.
Le théâtre était plein, il y avait une vraie ferveur certainement liée à cette pandémie qui ébranle notre monde.

La chorale de Godspel

Cérémonie du vendredi saint Requiem (Vidéo)

Pendant ces quelques jours nous avons souvent des informations sur notre situation par rapport à cette zone de navigation délicate, qui s’étend après le détroit d’Aden, à la partie sud de la mer rouge, jusqu’à ce que nous ayons dépassé les frontières de la Somalie et de l’Erythrée et du Yémen.

Au final nous n’avons eu qu’une seule alerte au niveau de notre cabine, quand lapinou a décidé de jouer le pirate. Il ne nous a pas impressionné vraiment avec sa carotte.
Le dimanche, seule une retransmission au théâtre de la messe célèbree par le pape à la basilique Saint Pierre était proposée.
Le bateau était décoré dans les thèmes de Pâques , avec en plus des traditionnels œufs en chocolat, beaucoup de lapins, ce qui prouve que les superstitions liées à l’évocation d’un lapin sur un bateau ne sont que l’apanage de la marine à voile.

Lapinou profite pleinement de cette fête.

Pendant notre traversée de la mer rouge , une soirée d’adieu est organisée .
Le commandant qui reçoit dès son arrivée sur scène, une très longue standing ovation de tous, pour le remercier de la gestion de cette crise au sein du navire, nous fait un discours qui résume plutôt bien notre voyage. (Cf texte ci dessous)



Final de la soirée d’adieu
Alors que nous avons quitté la zone de risque de piratage, nous apercevons au loin le rivage égyptien, proche de Sharm El Sheck, où nous avons passé il y a quelques années de plusieurs séjours à la découverte des magnifiques fond marins.

Lorsque nous arrivons en rade de Suez pour une nuit, nous fêtons l’événement en dégustant avec quelques amis une bouteille de Castelnau blanc de blanc 2006.
Cette bouteille qui aura quasiment fait le tour du monde a très bien supporté le voyage.



Le lendemain à l’aube nous entamons la traversée du canal de Suez, qui nous ramène en mer méditerranée.
Ce canal qui va de Suez à Port Said à une longueur proche de 190 kms et se traverse en une dizaine d’heures.
On le voit sur la carte, le canal à été creusé en deux parties et passe par un grand lac naturel.
Quand on traverse ce canal on a l’impression d’être à terre, ce qui nous fait beaucoup de bien après 15 jours de mer consécutifs.
Ci dessous quelques photos de cette traversée.

Canal de Suez: Une vaine tentative de pseudo abordage. (Vidéo)



Canal de Suez: Un amical concert de klaxons (Vidéo)

Les paysages sont très variées entre grandes falaises sableuses et paysages plus champêtres.


Il y a quelques villes sans charme qui se sont développées tout du long de ce poumon économique de l’Égypte.






Nous arrivons à port Said. Le port s’étend à perte de vue, et de la ville nous n’apercevons, que ces barres d’immeubles bordées de marais salans





Nous quittons le canal, la méditerranée est enfin à nous.

Alors que nous quittons port Said, nous nous apercevons que nous nous dirigeons vers l’est au lieu de l’ouest.
On nous informe que l’on fait route vers Israël à la rencontre d’un hélicoptère sanitaire pour transférer un passager vers un hôpital.
Malgré sa proximité, l’Égypte n’a pas voulu accepter ce passager.
Nous faisons donc un détour de 5 heures avant de repartir dans la bonne direction.

Approche de l’hélicoptère pour urgence sanitaire. (Vidéo)

Maintenant que nous sommes en méditerranée, vous voyez sur la carte ci-dessus le chemin qu’il nous reste à parcourir pour regagner Marseille et boucler notre tour du monde atypique.
4,5 jours de navigation pour 1585 miles nautiques (soit 2750 kms) que je vous raconterai lors de mon dernier article de blog qui servira de conclusion à notre voyage.
Si tout va bien, l’arrivée est prévue à Marseille le 20 avril, et la sortie du bateau le 21.
Le débarquement aura lieu en tout petits groupes afin de respecter la distanciation.
Nous avons réservé une voiture de location et espérons arriver à Reims le 21 au soir avant de se confiner.
Prenez soins de vous. Bises et à très bientôt.
Et pour finir une citation que j’aime beaucoup surtout dans cette période:
« S’il y a une chose que je ne perdrais jamais, ce sera mon sourire. Pour le reste vous pouvez tout me voler. » Alda Merini
